Le ministre de la Justice Constant Mutamba, une gloire bannie, analyse Ambroise Mamba.

RDC – Constant Mutamba face à Élysée Odia: Quand la « violence » verbale du ministre envers la journaliste déclenche le clash

La vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux, montrant un échange un peu violent entre la journaliste Élysée Odia et le ministre de la justice Constant Mutamba. En toile de fond, une question sur les 4 millions de dollars de « raçon » pour l’arrestation des « journalistes » Perro Luwara et Merveille Baengele. Cet exercice de redevabilité au départ élégant, a été par la suite infesté par la violence ayant caractérisé les réponses du ministre de la justice aux questions posées par la journaliste. Voici comment :

A la question sur l’autorité ayant pris la décision de mettre en jeu 4 millions USD pour l’arrestation de Pero Luwara et Merveille Baengele, Constant Mutamba s’adressant à Élysée Odia dit: « C’est comme ça qu’ils ont essayé de te recruter toi ». Ici, le ministre de la justice était le premier à ouvrir les hostilités contre la journaliste.

Il faut savoir que les journalistes comme les membres du gouvernement abordent des questions sérieuses de la gestion du pays. L’arbitraire ne devrait pas être justifiée par la gravité d’une situation dans une république démocratique. Constant Mutamba ne devrait qu’expliquer les voies légales par lesquelles les 4 millions ont été rendues disponibles. Au lieu de cela, peut-être parce qu’il était mis en difficulté, il choisit de s’attaquer à la journaliste de manière trop légère. « C’est comme ça, qu’on a tenté de vous recruter ».

Par cette attaque, le ministre de la justice ouvre les hostilités contre la journaliste qui, dans un premier temps n’a pas voulu être perturbée. Après insistance du ministre, la journaliste se verra dans l’obligation de se défendre face à une imputation dommageable commise par celui qui se bombe le torse d’être ministre de la justice.

« Vous êtes dans les imputations dommageables, vous risquez de tomber dans les mêmes choses que vous devriez », a lancé Élysée Odia pour se défendre de l’accusation grave que venait de lui flanquer Constant Mutamba au visage. Là, le ministre cherche à sauver sa peau.

Pourtant, en l’absence d’une action judiciaire ou d’un jugement définitif contre Perro Luwara et Merveille Baengele, la journaliste qui n’accompagne pas le ministre de la justice dans son activisme politique, ne pouvait que lui poser professionnellement la question sur les 4 millions USD.

Mais lorsque la journaliste lui dit: « mais il n’y a pas de jugement contre les deux personnes ciblées », Mutamba rétorque: « Je suis le ministre de la justice ». M’enfin, un ministre de la justice était-il la justice elle-même ? Un ministre de la justice est-il un tribunal ? La parole d’un ministre de la justice vaut-elle un jugement ? Et quand la loi reconnaît au ministre de la justice le pouvoir d’injonction positive, il passe toujours par le parquet, il n’arrête pas lui-même.

Comment Mutamba pouvait dire qu’il est ministre de la justice, sachant que la journaliste Élysée Odia savait très bien par le casting de l’émission qu’elle devrait se retrouver face au ministre de la justice ? La réponse est claire. Constant Mutamba a voulu intimider la journaliste qui lui a posé une question que le ministre a trouvée embarrassante.

La goûte qui a fait déborder le vase, c’est lorsque Constant Mutamba dit à Élysée Odia qu’on pouvait l’assimiler aux traitres et complices de l’agression dont le pays est victime. C’est effectivement ça l’intimidation pour faire taire Élysée Odia et la journaliste qui l’a bien compris l’a fait remarquer au ministre : « vous m’intimidez, ça ne marche pas avec moi ».

Et bien, la réaction de la journaliste a été à la hauteur de la provocation du ministre qui, étant dans une république démocratique continue à envier la dictature Rwandaise. Il voulait même expliquer qu’au Rwanda, on ne pose pas ces genres des questions. Voilà comment un ministre de la justice nourrit les velléités d’instaurer un état policier comme celui du Rwanda qui a fait de ses propres habitants des exclaves. Jusqu’à ce que la RDC redeviendrait une dictature, la démocratie s’impose. En attendant, l’exercice du pouvoir en RDC est démocratique et Constant Mutamba ne devrait que se soumettre aux lois du pays.

Comment expliquer que Corneille Nangaa ait été condamné par défaut et ses biens confisqués, sans que Perro Luwara et Merveille Baengele les soient pour des faits similaires, mais que l’on interdise à une journaliste de poser la question la dessus ?

Élysée Odia n’a nulle part remis en cause les éléments dont dispose le ministre sur la culpabilité de Pero et Merveille. Elle n’a fait que poser une question, mais le ministre a préféré la dénigrer, ce qui a été une parole de trop pour déclencher le clash.

La République ne devrait pas être gérée de manière légère. Dans un contexte de crise sécuritaire, le sérieux devrait caractérisé les décisions d’état. S’attaquer à une journaliste et la livrer à la vindicte populaire lorsqu’on manque des réponses aux questions posées est tout, sauf responsable. Les mandataires publics ne devraient pas croire rester éternellement au pouvoir sans un jour repondre de leurs actes devant le tribunal de l’histoire.

Ambroise Mamba Ntambwe, journaliste et chercheur en sciences politiques

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